Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/15

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sites l’empêcha de se donner le tort si commun de persister à vouloir convaincre de la franchise de notre opinion, une personne qui ne juge que nos sentiments. M. de Sétival confirma la nouvelle de la rupture ; il en avait appris tous les détails chez la sœur de M. de Marigny ; il était allé de là chez un parent de la marquise d’Herbas pour savoir comment l’autre famille racontait l’aventure, et de ces deux récits il en composait un troisième qui justifiait tout le monde, excepté le génie infernal d’un homme qu’il fallait bannir de tous les salons. C’était la conclusion du rapporteur.

En l’écoutant, le maréchal baissait les yeux d’un air modeste, comme pour se soustraire au triomphe qu’il remportait.

— Enfin, demanda la duchesse, sait-on quelque chose de positif sur la cause du changement de Léontine ?

— Elle n’est pas douteuse pour les amis de sa mère, répondit M. de Sétival ; mais on prétend qu’elle et sa fille n’en veulent point convenir. Hier soir mademoiselle d’Herbas est venue supplier son père de retarder la célébration du mariage de quinze jours, en donnant pour raison qu’elle ne pouvait s’habituer à l’idée de quitter sa famille pour suivre M. de Marigny dans sa terre. On lui a fait observer qu’il n’y passait que six mois de l’année, qu’elle vivrait le reste du temps à Paris, et d’ailleurs, qu’ayant eu le loisir de faire toutes ses réflexions à ce sujet, on ne pouvait mettre en avant