Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/45

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— Vraiment, je ne comptais guère vous rencontrer ici, dit-elle en riant. Ne donne-t-on pas ce soir le ballet nouveau, et n’est-ce plus ma rivale qui joue les premiers rôles ? Perfide, vous n’osez répondre ; mais ne m’épargnez point, je suis accoutumée à vous pardonner ces sortes d’outrages.

En écoutant ces plaisanteries, M. de Varèze éprouvait un embarras visible, qui excitait la baronne à les redoubler. Isidore, dont la prétention était de savoir toutes les intrigues de coulisse, vint se mêler de cette conversation ; alors la patience d’Albéric se révolta, et il fit entendre le plus poliment possible à M. d’Erneville que sa résignation à supporter les plaisanteries de madame d’Ostange ne s’étendait pas jusqu’à souffrir celles d’un autre. La conversation prit alors une tournure plus sérieuse ; Mathilde s’efforça de la soutenir par des questions dont il était facile de voir qu’elle n’écoutait pas les réponses. Maurice s’en aperçut, et bientôt après le mouvement qu’elle fit en voyant entrer le maréchal de Lovano le livra à d’étranges conjectures.



V


Maurice savait positivement que, malgré ses cinquante-cinq ans, le maréchal avait pour madame de