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Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/164

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mour-propre s’est quelquefois trouvé en opposition avec la sensibilité, et l’amour avec le devoir : peut-être mon parti sera-t-il le plus fort !

Puisqu’il faut l’avouer, en écoutant ce qu’un mouvement de dépit avait porté mademoiselle Duplessis à me raconter, je me sentis tout à coup dévorée de jalousie ; la colère, l’indignation remplirent seules mon cœur, et j’oubliai les autres sentiments qui l’avaient agité pendant cette journée.

Dans cet état, je ne pensai point à me reposer et passai la nuit entière à méditer sur la conduite que je devais tenir après un éclat dont les suites devaient tant m’humilier. J’avais trop de fierté pour aller demander vengeance à mon père d’une offense qu’il m’avait autrefois prédite ; je m’étais ôté près de lui le droit de me plaindre. Sa connaissance du monde et du caractère de son neveu lui avait fait prévoir les chagrins qu’il devait me causer ; il avait tout tenté pour m’y soustraire.

Dédaignant les avis de sa prudence, je m’étais moi-même livrée au malheur qui m’accablait ; n’ayant pas