Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/226

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souvenir de ma première entrevue avec madame d’Aimery n’était pas l’unique cause de l’altération que j’avais remarquée sur le visage de Sophie.

» Enfin j’accueillis, comme on fait souvent en pareille circonstance, toutes les raisons qui devaient m’épargner une démarche qui gênait ma conscience.

» À souper, me trouvant placé à côté de madame d’Aimery, elle me dit d’un ton qu’elle s’efforçait de rendre léger :

» — Savez-vous bien que je trouve la comtesse de Montbreuse fort embellie, malgré le regard sévère dont elle m’honore. Je suis sûre que la pauvre femme est assez dupe pour être folle de vous. C’est le privilége des gens de votre caractère de se faire adorer ; il ne faut pour cela qu’un esprit aimable et qu’un cœur froid.

» Je cherchai vainement à me justifier de cette opinion ; madame d’Aimery persista en ajoutant :

» — Je ne crains pas de me tromper sur votre compte ; car, grâce au ciel, je ne vous aime plus.