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IV


Le lendemain matin, mon père envoya son valet de chambre s’informer de mes nouvelles, et me demander si je voulais permettre qu’il vînt déjeuner avec moi dans mon cabinet d’étude. Charmée de me voir traitée avec tant d’importance, je répondis d’un ton fort digne que j’allais me rendre aux ordres de mon père, et, faisant préparer son déjeuner chez moi, je me rendis en effet aussitôt dans le cabinet ; j’y trouvai un vieux concierge qui m’avait vue naître et désirait bien savoir s’il serait reconnu par la fille de sa bonne maîtresse ; c’est ainsi qu’il m’appelait. C’était l’ancien jardinier, le gardien du château de Montbreuse où j’avais passé mon enfance, c’était ce bon Étienne qui me laissait dévaster son parterre avec tant de patience et qui tournait le dos quand je dérobais quelques fruits. Comment ne l’aurais-je pas reconnu ? Je pris avec plaisir le bouquet qu’il m’apportait et lui demandai