Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/281

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vous ai vue, et je trouve du charme à vous la sacrifier. Vous exigez que je m’éloigne ? Eh bien, fixez le jour fatal qui doit me séparer de tout ce que j’aime au monde.

» C’est de vous seule que je puis recevoir cet ordre cruel ; mais, avant de m’y soumettre, permets, ô ma chère Léonie ! que je lise encore une fois dans tes yeux ce trouble enchanteur qui trahit ta pensée ; laisse-moi contempler, dans cette Léonie si touchante, si belle, la femme adorée qui répond à mon amour ; ah ! laisse-moi, ta lettre sur mon cœur, savourer encore ta présence.

» J’ai besoin de voir tes regrets pour supporter les miens, j’ai besoin de revoir ces traits charmants que voilait hier une sombre tristesse ; je veux encore entendre ces soupirs dont j’ignorais la cause ; enfin, je veux recueillir tous mes biens avant de m’arracher la vie.

» Un ordre du roi me rappelle à la cour ; il servira de prétexte à mon départ, et rien ne trahira le secret de Léonie.