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IX


Nous étions à la fin de l’hiver, à cette époque où Paris semble habité par un peuple de fous que les rhumes, la misère et le froid ne sauraient empêcher de se divertir : on dirait que la fin du monde est fixée au mercredi des Cendres, tant cette foule est attentive à ne pas perdre un seul des moments qu’elle peut consacrer au plaisir ; le repos même, si nécessaire à l’artisan, est sans charme pour lui ; on le voit sous un vêtement grotesque, le front couvert d’un masque qui l’étouffe, courir les rues à perdre haleine, ne recueillant, pour prix de cette corvée, que des huées et des injures grossières. J’avoue que je n’ai jamais rien compris à cette espèce de plaisir, et qu’il m’a toujours inspiré le sentiment de pitié qu’on a pour la démence.

Il y avait, le même soir, bal chez l’ambassadeur d’Espagne ; et malgré l’oppression qui me suffoquait, malgré ma tristesse et les traces de mes larmes, il