Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/80

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quand j’entendis mademoiselle Duplessis lui dire à voix basse que madame de Nelfort était dans le salon, et le priait de venir l’y rejoindre un instant, ne voulant pas absolument partir sans lui parler.

Je conjurai mon père de me laisser voir ma tante ; elle seule pouvait me faire croire à la vie d’Alfred, car j’étais bien sûre de deviner à sa douleur s’il nous restait ou non quelque espérance.

Un refus aurait ajouté à mes souffrances, et mon père consentit à tout ce que je voulus. Cette entrevue, quoique bien douloureuse, me rassura beaucoup. J’appris avec détail de madame de Nelfort tout ce qui concernait Alfred. La lettre du ministre mandait à mon père qu’à la suite d’une affaire décisive où son neveu s’était distingué, il venait d’être grièvement blessé ; les chirurgiens ne répondaient pas de sa vie ; il connaissait son danger ; et demandait avec instance qu’on le transportât à Paris, malgré ses douleurs, pour y mourir dans les bras de sa mère. Le ministre ajoutait qu’il ne consentirait à cet imprudent départ que lorsqu’il y serait autorisé par mon père.