Ah ! tu l’aimes peut-être… (Marie lui fait signe qu’il a deviné juste.) Je l’aurais parié !
Est-il bien vrai, ma fille ?
Sans cela, le fuirais-je ? Ah ! ne m’accusez pas. Si vous saviez tout ce que j’ai fait pour l’éloigner de moi, pour m’empêcher de l’aimer ! D’abord j’ai ri de ses flatteries, des assurances de son amour ; ensuite je me suis fâchée ; je lui ai dit que c’était fort mal à lui de vouloir séduire une honnête fille qui n’avait pour tout bien que sa vertu. « Si l’on me soupçonnait d’écouter vos discours, lui disais-je, je perdrais tout aussitôt la protection de madame de Norville, on me chasserait d’ici, et ma vieille mère en mourrait de douleur ; car, plus nous sommes pauvres, et plus l’honneur nous est cher. »
C’est bien dit, mon enfant.
Et il a dû être fort embarrassé de répondre à cela ?
Pas du tout, mon parrain. « Moi, déshonorer Marie, s’est-il écrié, tromper ce que j’aime le plus dans le monde, le Ciel m’en préserve ; c’est toi, c’est ton bonheur que je veux. Dis-moi où elle habite, cette mère qui t’a donné toutes les vertus ; j’irai te deman-