Page:Nichault - Marie.djvu/70

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SAINT-ELME.

Vous, digne de mépris ! ah ! Marie, la générosité vous égare.

MARIE.

Non, vous dis-je, je suis trop fière de votre amour pour l’avilir jamais.

SAINT-ELME.

Oh ciel ! qu’osez-vous dire ?

MARIE.

Apprenez que je n’ai pas de nom ; que, livrée dès ma naissance à l’opprobre, à la misère, je fus recueillie par des mains charitables, qu’enfin cette pauvre fille, cet enfant trouvé sur une pierre… c’est moi.

SAINT-ELME.

Vous, Marie !

MARIE.

Ah ! pourquoi la pitié d’Hélène m’a-t-elle conservé la vie ! pourquoi le sort n’a-t-il pas secondé la barbarie de ma mère, je n’aurais plus à souffrir de sa honte.

SAINT-ELME.

Elle ne saurait vous atteindre. Mais cette coupable mère gémit peut-être en ce moment sur le sort de sa fille ? peut-être de vaines recherches…

MARIE.

Non, sans doute, elle est morte. Songez que depuis dix-sept ans je n’ai vécu que des secours d’Hélène. Elle seule m’a nommée sa fille. Laissez-moi lui consa-