Page:Nichault - Marie.djvu/69

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impossible. J’avais pressenti ta prière, et j’ai juré par l’honneur d’être ton époux.

MARIE.

Vous, l’époux de Marie ? de celle… qui… ah ! renoncez à ce coupable projet. Songez que tout vous défend une union semblable ; et que lors même que votre famille y consentirait, un obstacle invincible, s’y opposerait encore.

SAINT-ELME.

Qu’entends-je ? Marie rejetterait ma main !

MARIE.

Oui, l’honneur m’en ferait la loi.

SAINT-ELME.

L’honneur ! et depuis quand l’offense-t-on par le choix d’une femme née de parents honnêtes, et qui l’ont dotée de toutes les vertus ! Va, ne crains pas de me voir dédaigner ta famille. Je partagerai tes soins pour ta mère, pour cette bonne Hélène qui me chérira aussi.

MARIE.

Ah ! plût au ciel que sa pauvreté seule… Oui, je le crois, vous la supporteriez courageusement ; mais apprenez qu’un plus grand malheur nous sépare… Vous êtes destiné à vivre dans le monde… à vous distinguer à l’armée… Vous ne devez point avoir à rougir de votre femme… Vous pouvez la choisir pauvre, mais non pas dans cette classe vouée dès l’enfance à l’abandon, au mépris.