dont les conseils m’ont appris à chérir la vertu, ne vient-il pas de prononcer sur mon sort ; « Marie ne doit plus le revoir, » a-t-il dit ; après cet arrêt cruel, que puis-je attendre encore ?… D’où vient que j’hésite à m’éloigner d’ici ? Serait-ce le triste pressentiment de n’y plus revenir… ou de n’y plus retrouver la seule amie qui me protége au monde ? Son âge, la douleur que mes chagrins lui causent… Elle aussi, peut-être je ne la reverrai plus !… Ô misérable destinée ! sans secours, sans appui sur la terre, forcée de fuir l’unique asile où je pouvais me soustraire au mépris, que vais-je devenir ?… Errante au milieu de la nuit… Si j’allais m’égarer !… Il faut traverser la forêt… Et je ne sais quel effroi me saisit… Ô mon Dieu ! soutiens mes forces, toi seul peux me donner le courage d’accomplir ce dernier sacrifice… Je le sens… il m’accable… (elle s’appuye sur le mur de l’église) Ah ! si je pouvais mourir… Oui, mourir là… à cette même place, où, cruellement abandonnée… Ô mère dénaturée ! toi qui m’as repoussée de ton sein, que ne peux-tu me voir en ce moment ! Ta pitié, tes remords peut-être, me vengeraient de ta cruauté ; mais non, tu l’as voulu, tu espérais ma mort, et sans doute en cet instant, livrée à tes plaisirs, tu n’entends pas ton enfant te maudire !… Qu’ai-je dit ? Ô ma mère, pardonne. (se jetant à genoux) Le désespoir m’égare… Moi t’accuser, oh ! non. Ton malheur fit le mien, tu m’as pleurée… Tu me regrettes… Ton cœur m’appelle nuit et jour… Tu me cherches… Je suis là… Reviens, ma mère, je t’attends sur la pierre où tu mas laissée !
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(Elle tombe étendue sur la pierre.)