Page:Nichault - Marie Louise d Orleans.djvu/12

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donner sa mère. Le don d’une jolie poupée ne lui aurait pas fait plus de plaisir. Avoir sept ans de plus que sa sœur ! que de droits pour la soigner, la gronder, la gâter même ? Celle-là, du moins, serait d’un rang à pouvoir jouer avec elle ; on ne lui défendrait pas de l’aimer ; et bien que cette enfant ne pût encore que lui sourire, Marie-Louise plaçait déjà sur elle tous les trésors de son âme aimante et dévouée.

Dès que Madame fut rétablie de ses couches, elle partit pour l’Angleterre, et Marie-Louise pleura en recevant ses adieux. Monsieur donna l’ordre de conduire les princesses ses filles à Saint-Cloud, pour qu’elles pussent jouir de l’air de la campagne pendant l’absence de leur mère.

À son retour, Madame ramena à sa suite un peintre anglais qui fut chargé de faire le portrait de Mademoiselle. L’ennui de poser, contrainte insupportable d’ordinaire pour tous les enfants, était un plaisir vivement attendu par Marie-Louise, car sa mère assistait très-souvent aux séances, et, pour prix de sa patience à rester immobile, Madame lui faisait quelques caresses, lui abandonnait sa main que sa fille pressait dans les siennes, la vantait de sa soumission, et lui laissait toujours le souvenir de quelques paroles tendres, que l’enfant se redisait tout le reste du jour.

Madame, si belle, si gracieuse, si noblement aimable, était adorée de tous ceux qui l’entouraient, et Marie-Louise partageait ce culte par imitation autant que par sentiment, car sa mère était de toutes les femmes qui l’approchaient celle qu’elle connaissait le moins. Mais les enfants ont un tact merveilleux pour juger les gens d’après ce qu’ils inspirent. Ils devinent qu’on peut chérir en toute assurance la personne qui plaît à tout le monde. Et puis, à de certaines âmes, il faut une idole sur terre. Madame était celle de Marie-Louise.