Page:Nichault - Marie Louise d Orleans.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que je chante… quand je souffre le martyre ? Ah ! voilà bien une fantaisie royale !… Eh bien, oui, je chanterai pour vous obéir… Et puisque Votre Majesté l’exige, je chanterai une chanson de circonstance.

Alors il entonna un De Profundis.

La reine pâlit. Une impression indéfinissable la fit frissonner ; elle porta brusquement ses yeux sur le comte de Rébenac. La même pâleur couvrait son visage ; le même frisson agirait ses membres. On aurait dit qu’il ressentait le contre-coup de tout ce que la folie du nain faisait éprouver à Marie-Louise.

Enfin le roi, mécontent de Louisillo, se leva pour le faire taire, et donna l’ordre de le rapporter dans son lit.

— Ah ! sire, s’écria le nain avec douleur, permettez-moi, avant de m’éloigner, de baiser la main de notre belle reine.

— Non, tu ne mérites pas cette faveur, répond le roi d’un ton sévère…

— Oh ! ne me la refusez pas, reprend Louisillo en pleurant ; laissez-moi lui répéter qu’elle n’a pas de plus dévoué serviteur que le pauvre Louisillo ; qu’il voudrait pouvoir donner sa vie pour ajouter quelques jours de plus à la sienne… qu’il va prier pour elle… et que…

En ce moment un bruit effroyable, causé par la chute d’un immense candélabre qui éclairait le fond de la salle, et près duquel se trouvait le comte de Mansfeld, attira l’attention générale. Quelques personnes, atteintes par les branches du candélabre tombé, réclamaient des soins : on ne s’occupa plus que d’elles. Le roi et la reine leur donnèrent des marques du plus vif intérêt, et cet accident termina tristement la fête.



LXII


La nuit même, la reine fut prise de violentes convulsions, accompagnées de vomissements. Ses femmes, questionnées