Page:Nichault - Marie Louise d Orleans.djvu/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nac, lui apprit que la reine expirait. Il tomba évanoui. Au bruit que fit sa chute, la duchesse d’Albuquerque et les femmes du service de la reine accoururent.

— Elle est morte ! s’écria la marquise del Fresno !…

Au même instant, le comte de Charni se précipita dans la chambre, baisa la main glacée de sa nièce, et s’empara du corps inanimé de son ami pour le transporter hors du palais.

À force de secours, M. de Rébenac revint à la vie.

Deux jours après, lorsque M. de Charni lui rappela l’obligation où était l’ambassadeur de France d’aller jeter de l’eau bénite sur le cercueil de la reine, M. de Rébenac fit signe qu’il était prêt à le suivre. Son valet de chambre l’aida à revêtir son habit de cérémonie sans que son maitre parût y faire attention. Ce fut avec la même apathie, le même silence, qu’il accompagna son ami au palais du roi ; mais arrivé à la chapelle ardente, lorsqu’ébloui par la pompe de cette représentation funèbre, il reçut le goupillon des mains de l’archevêque de Tolède, le comte de Rébenac leva sur le prêtre un regard stupide ; puis s’approchant du sarcophage, il l’aspergea en riant.

Le malheureux n’avait plus sa raison[1].


FIN

Imprimerie de Poissy — S. Lejay et Cie
  1. Il la recouvra peu de temps après pour écrire à Louis XIV la lettre qui parut parmi les notes diplomatiques que le gouvernement publia, et où nous avons puisé quelques détails sur cette fin tragique. M. de Rébenac, inconsolable, refusa, à son retour à Paris, l’ambassade de Turquie. Dangeau dit, t. II, p. 181 de ses Mémoires : « Le roi a été satisfait des raisons de M. de Rébenac et le dispense de l’ambassade de Constantinople. »