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MARIE-LOUISE D’ORLÉANS



I


La naissance d’une princesse est rarement célébrée à la cour de France. L’ambition s’en afflige, et la maternité même ne s’en réjouit point, car c’est une exilée de plus qui paraît au monde. La gloire de son pays, l’amour de sa famille, ces biens si chers à la vie d’une femme, doivent ajouter un jour à toutes les douleurs de la séparation ; et plus encore, l’amour de la patrie, la confiance filiale, la tendresse fraternelle lui sont imputés à crime et punis comme tels. C’est donc un sentiment moins vain qu’on ne pense qui fait accueillir tristement la naissance d’une grande princesse.

Lorsque Madame Henriette d’Angleterre, belle-sœur de Louis XIV, accoucha le 27 mars 1662 de Marie-Louise d’Orléans, on s’inquiéta vivement pour la mère : voilà tout. L’enfant fut remise entre les mains de madame de Saint-Chaumont et d’une bonne nourrice nommée madame Gantin Viremont[1]. On s’occupa d’autant moins de la petite princesse

  1. Cette madame Cantin avait épousé un nommé Viremont, qui fut obligé de sortir du royaume pour s’être battu en duel durant le siége