Page:Nichault - Marie Louise d Orleans.djvu/10

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qu’elle était confiée aux soins les plus tendres et les plus éclairés. Honorée chaque matin d’une visite de Monsieur et de Madame, elle s’élevait dans l’orgueil de leur appartenir et la crainte de leur déplaire. La moindre de leurs caresses la comblait de joie, sans l’encourager pourtant à aucune familiarité ; ses petits bras n’osaient entourer le col si gracieux de sa mère, et, lorsqu’emportée par la chaleur de son cœur aimant, elle sentait le besoin de la caresser, c’est la belle main de Madame qui seule recevait les baisers de Marie-Louise.

Cependant elle avait tout ce qui charme dans un enfant, et particulièrement ce regard doux, pénétrant, mélancolique, qui semble être la prévision d’une noble et triste destinée ; si l’usage, l’étiquette avaient permis à sa mère de l’élever elle-même, elle aurait sans doute combattu le penchant de Marie-Louise à garder le secret de ses peines, à les exalter par la rêverie. Il n’est pas de chagrin durable après l’avoir conté à sa mère ; et de cette première confiance dépendent souvent toutes les autres. Mais l’enfant qu’une voix étrangère intimide, apprend malgré lui à cacher ses impressions, et plus son âme en est riche, plus elle succombe sous le poids de ses sentiments. La confiance est une évaporation nécessaire aux émotions brûlantes d’un cœur passionné. L’enfant qui hésite à questionner sur ce qu’il ne comprend pas, qui craint d’avouer ce qu’il souffre, est pour jamais condamné à des ennuis, à des chagrins incontestables.

Marie-Louise d’Orléans, ou plutôt Mademoiselle, ainsi qu’on l’appelait à la cour, annonçait devoir être belle ; ses grands yeux aux longs et doux regards, ses traits nobles, ses mouvements gracieux promettaient en faveur de son esprit et de son caractère. La distinction innée se révèle de bonne heure chez les femmes, et celle que Mademoiselle tenait de sa mère,

    de Limbourg, en 1675. Ce Viremont était capitaine de grenadiers dans nos troupes. (Mémoires de Dangeau, t. IV.)