Et la même pantomime qui avait arrêté les questions de la princesse Ranieska fit taire l’officier diplomate : on lui montra M. de Lorency, ce qui ne le détermina point à changer le sujet de sa conversation ; seulement il la continua d’une manière plus discrète.
Ainsi, les grands et petits intérêts du monde occupaient encore les esprits pendant cette solennité où toutes les pompes de la vanité mondaine empêchaient de se livrer à aucun sentiment religieux.
Et de quel respect pouvait-on être pénétré à l’aspect de cette chapelle érigée par les décorateurs de l’Opéra pour recevoir du vainqueur de l’Europe le même serment qu’il venait de violer en répudiant Joséphine ! Comment aurait-on éprouvé cette émotion pudique qu’inspire le trouble d’une jeune fiancée en prononçant ce oui dont elle ignore et craint la conséquence ! On savait que la mariée, sans être moins pure, était déjà la femme de l’empereur : elle n’était point embellie par ce charme de virginité, cette sainteté d’innocence qui impose à tous un respect religieux. Enfin, c’était l’alliance de la gloire passée avec la gloire présente ; la paix en devait naître ; le pouvoir, les grandeurs, la renommée, toutes les puissance de la terre avaient été conviés à ces noces impériales. Mais ne croirait-on pas que Dieu seul, oublié dans cette auguste fête, dans ce grand mariage, n’a pas voulu le bénir !!!
XXVI
Pendant cette pompeuse journée terminée par un banquet splendide et des illuminations magiques, la plupart des gens de la cour n’avaient pas eu le temps de dîner, et madame de Lorency étant rentrée chez elle pour changer de parure, avait prévenu son oncle qu’elle et madame de Cernan reviendraient souper avec lui pour lui raconter les nouvelles magnificences de la soirée.
De retour de cette noble corvée, Ermance trouva chez elle Auguste de Castelmont qu’avait amené M. de Maizières.