la grande duchesse de Bade, la belle princesse Borghèse, entourent l’impératrice Marie-Louise. Jamais tant de jolies femmes couronnées n’ont composé la cour d’une grande souveraine ; et quand on pense que chacune de ces princesses avait elle-même une cour, où l’on remarquait mesdames de Bar…, de Vill…, de Math…, madame Moll…, la belle comtesse L. de Gir… et la comtesse de La Bor…, dont la beauté héréditaire s’est léguée, sans s’appauvrir, à ses charmantes filles ; quand on ajoute à ce tableau, déjà si riche de couleur, tout ce que le luxe a jamais produit de plus brillant, on se fera l’idée de l’éclat qui frappait tous les yeux à cet aspect éblouissant.
L’empereur en paraissait ravi et Marie-Louise retrouvait des souvenirs de patrie en causant avec la princesse de Shwartzemberg et son aimable belle-sœur, dont la jeune fille est là parée de toutes les grâces de son âge et de cette joie enfantine qui semble le présage d’un avenir heureux. Combien cette excellente mère est fière des compliments que l’empereur lui adresse sur la charmante famille qu’elle est au moment d’augmenter, sur cette fille dont les plus grand seigneurs de l’Allemagne vont bientôt se disputer la main ! Que de rêves de bonheur elle fait en la voyant danser à côté de la fille de son souverain, protégée par tout ce qu’il y a de plus puissant en Europe et admirée de tous ! Elle se voit en idée, changeant la branche de lilas qui noue les cheveux blonds de son enfant en couronne virginale, et le bouquet que retient sa ceinture en rameau de fleurs d’oranger ; elle la pare d’un voile de mariée, et la suit à l’autel, où la conduit l’époux choisi par elle. Son cœur bat, ses yeux s’humectent de douces larmes à la seule pensée du bonheur dont elle se croit déjà témoin… et la mort… l’implacable mort est là qui plane sur sa tête et se rit des espérances, des illusions de cette tendre mère !
Sous ces voûtes dorées, ces guirlandes de fleurs, ces lustres resplendissants, au milieu de femmes éblouissantes, il fallait un éclat extraordinaire pour se faire remarquer, ou bien une de ces beautés dont la fraîcheur et la grâce l’emportent sur toutes les pompes de la parure et sur toute la recher-