Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

che de l’art. Ermance avait trouvé de bon goût de ne point rivaliser ce jour-là de magnificence avec des princesses qu’elle n’aurait pu atteindre ; et sa robe, garnie en fleurs des champs, sa coiffure, où les épis de la saison remplaçaient ceux que les joailliers imitent en diamants, enfin l’ensemble de sa mise si élégante et si simple au milieu de tant de femmes surchargées d’or et de pierreries la distinguait plus que ne l’aurait fait une riche parure.

Cependant c’était à la réunion de tous les écrains de sa famille que la princesse Ranieska devait les regards qui se portaient de son côté, il est vrai que les princesses seules pouvaient lutter contre les rayons colorés de ses opales, de ses éméraudes, de ses rubis entourés de diamants qui brillaient sur son cou, et formaient, pour ainsi dire, autour de sa tête une guirlande de roses pétrifiées. Sa robe, sa ceinture, n’étaient pas moins éclatantes : aussi chacun se demandait si on l’avait vue, et on envoyait les nouveaux venus l’admirer comme on les aurait envoyés à Golconde.

En fait d’admiration, l’on n’est pas difficile, et, sans se demander si celle qu’elle inspirait n’était pas due à sa richesse plutôt qu’à sa beauté, la princesse Ranieska jouissait avec orgueil de l’effet qu’elle produisait, et le faisait remarquer à M. de Lorency, en exagérant l’embarras qu’elle en éprouvait.

— Passons d’un autre côté, disait-elle, je déteste à me sentir ainsi l’objet de l’attention ; et c’était toujours au moment où, la curiosité satisfaite, cette attention cessait, qu’elle allait tenter de l’exciter ailleurs.

Si Ermance avait pu s’abuser sur la liaison qui existait entre Adhémar et la princesse, les regards jaloux de la duchesse d’Alvano l’en auraient convaincue. Livrée à toutes les tortures d’un amour-propre blessé, et sans égard pour ce même amour-propre dont chacune de ses paroles trahissait l’humiliation, elle critiquait avec amertume le visage, la parure de la princesse Ranieska, prétendant qu’elle ressemblait à ces vierges qu’on voit dans les chapelles d’Italie, dont la tête et les bras en cire ont peine à soutenir la quantité de bijoux de toutes les couleurs dont on les surcharge. À cette compa-