Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/231

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tache la montre, et veut la garder comme un doux et triste souvenir, car elle se rappelle qu’il la portait le jour où il l’a sauvée.

Une heure après elle était avec son enfant sur la route de Montvilliers.

— Je vous ai tenu parole, dit-elle à son oncle en lui racontant ce qui s’était passé entre Adhémar et elle depuis le bal du prince de Schwar…, je me suis arrachée de ses bras à l’instant où l’aveu de ma faute allait peut-être m’attirer son pardon ; j’ai bravé sa colère, j’ai ranimé sa haine quand je pouvais la calmer en lui laissant voir les remords qui le vengent ; enfin, je vous ai obéi, mais je crains bien que ce ne soit déjà qu’un tort de plus à ses yeux, et, qu’éclairé par un avis perfide, il ne sache…

— Quelle raison as-tu de le soupçonner ? interrompit le président.

— Une lettre reçue le jour même du baptême de Léon, qu’il a lue devant moi et madame de Cernan, avec tous les signes d’une fureur concentrée, d’une altération extrême. Depuis ce moment son regard ne s’est pas arrêté sur moi sans me faire frémir, il ne m’a plus adressé la parole, et j’ai su, ajouta Ermance en baissant sa voix comprimée par la honte, j’ai su qu’en partant il avait repoussé la nourrice qui lui présentait…

Elle ne put continuer, des larmes achevèrent d’apprendre à son oncle ce qu’elle n’osait articuler.

Après avoir réfléchi quelques moments :

— Cette misérable femme de chambre que Geneviève a fait renvoyer, serait-elle capable… d’une semblable infamie ? dit M. de Montvilliers ; ces gens-là ne connaissent que ce bas moyen de vengeance… ; il serait possible que, dans l’unique intention de faire maltraiter la nourrice, elle se fût portée à cet excès de… Mais Adhémar aurait méprisé un écrit anonyme.

— On les méprise, dit Ermance, mais on les croit, et cela explique assez la conduite d’Adhémar depuis que cette infâme lettre est venue lui donner des soupçons ou peut-être confir-