Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/238

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chez M. de Gévrieux, les grilles sont encore ouvertes ; mais j’entends le bruit de sa voiture, je crois ?

En effet, c’était le président et mademoiselle de Montvilliers, qui tous deux, impatients de revoir Ermance, avaient quitté M. de Gévrieux d’assez bonne heure pour finir la soirée avec elle. Ermance leur raconta la frayeur que les soins empressés de sa femme de chambre lui avaient causée ; mais elle ne dit rien de l’idée qui revenait sans cesse à son esprit, certaine que son oncle se serait moqué d’elle et de ses visions.

Le lendemain, madame de Volberg vint témoigner de nouveau ses regrets aux habitants de Montvilliers, et chercher à leur en inspirer quelque regret en leur nommant toutes les personnes aimables qui étaient venues à sa fête et le succès qu’avaient eu ses proverbes.

— Comment trouvez-vous mon neveu, ajouta-t-elle, qui nous a quittés juste au moment où Mousson entrait en scène ? Je crois qu’il se repentira d’avoir montré tant de dédain pour nos plaisirs : il aurait ri de bon cœur, et les saillies de nos spirituels improvisateurs l’auraient bien autant amusé que les lieux communs qu’on débite à la cour.

— Quoi ! le comte Abert n’était pas hier soir à Champville ? dit Ermance d’un ton qui marquait plus que de la surprise.

— Non, vraiment. Il m’a aidée de la meilleure grâce possible à faire les honneurs du dîner : il est vrai que je l’avais placé entre deux de nos plus jolies femmes ; mais pendant qu’on passait dans le salon, il a disparu, et quand je l’ai fait chercher pour le prévenir que le proverbe était commencé, on m’a répondu qu’il était parti pour Paris. C’est un trait abominable, et que je ne lui aurais pardonné que s’il s’était du moins arrêté ici en passant, dit la baronne eu souriant.

— Je ne l’ai point vu, s’empressa de répondre Ermance.

— Au fait, je me rappelle maintenant reprit madame de Volberg, que vous ne deviez pas être à Montvilliers.

Cette réflexion obligea Ermance à expliquer pourquoi elle n’avait pas accompagné son oncle chez M. de Gévrieux, ce qu’elle fit avec une sorte d’embarras dont elle ne put se rendre compte.