Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/25

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tout ce qui tenait à Marie-Antoinette. C’est la nièce de notre reine qui occuperait le trône, et qui de nous ne serait fier de la servir ?

— Quoi ! vous accepteriez une place à la cour de celui que vous appelez l’usurpateur ? vous seriez dame du palais ?

— Pourquoi pas ? Mesdames de Mon…, de Mor…, de B… le sont bien ! Je les ai blâmées, il est vrai, de s’être trop pressées de mêler leurs noms à ceux de tant de bourgeoises de qualité. Mais depuis qu’on devient plus difficile, et que l’honneur de s’allier à la plus grande famille d’Europe va rendre le maître moins accessible à tous les parvenus, une femme comme il faut n’est plus déplacée à sa cour ; s’il est vrai, comme le prétend M. de T…, qu’on ait pensé à moi pour la composition de la maison de la nouvelle impératrice, je me déciderai peut-être à suivre l’exemple de madame de M…, et j’accepterai ou non la place, selon que les événements la rendront convenable.

Ce qui veut dire qu’elle l’a déjà demandée, pensa M. de Lorency ; et, loin d’attendre quelque secours de ce côté, il devina que son mariage était la condition de la nomination de sa tante ; tout ce qu’elle ajouta pour l’engager à profiter du crédit que ce mariage allait lui donner auprès de l’empereur confirma les soupçons d’Adhémar. Un retour si extraordinaire dans une femme dont l’animosité contre la cour moderne était presque un état dans le monde, enlevait à M. de Lorency le seul appui qui dût le soutenir dans sa résistance ; il en fut frappé comme d’une preuve de plus de la fascination qu’exerçait l’empereur sur ses plus fiers ennemis, et il perdit toute idée de s’opposer à la volonté d’un homme qui triomphait si facilement de celle de tout le monde.

— Puisque vous approuvez ce mariage, puisque vous aussi me conseillez ce sacrifice, dit en soupirant Adhémar, partagez-en le mérite, et chargez-vous des soins fastidieux qu’entraîne cette cérémonie. Je vous remettrai tout ce que je possède pour être employé à la corbeille de mademoiselle Brenneval. Son père montera la maison de sa fille ainsi qu’il lui conviendra, il fixera son revenu : quant à moi, le mien me