Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/26

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suffit, je ne veux entendre parler d’aucune donation, et prétends garder au moins mon indépendance morale.

— Tout cela est aussi beau qu’absurde, interrompit madame de Cernan ; mais vous reviendrez de ces idées romanesques, deux cent mille livres de rentes en ont converti de plus philosophes. Vous désirez que je me charge de tous les ennuis de noce, je le ferai pour vous obliger, et dans l’espoir aussi qu’on m’en saura quelque gré, car on ne doit pas s’attendre à tant de bonne grâce de la part d’une famille comme la vôtre envers celle d’un Brenneval… et je m’en fie à vous pour la faire remarquer. Il est bien juste…

— Ne vous attendez à rien de ma part, interrompit Adhémar importuné par l’expression d’un égoïsme si tenace, j’ai promis à mon général de me charger d’une mission qui m’oblige à quinze jours d’absence ; ils suffiront, j’espère, à tout disposer pour la cérémonie, et je reviendrai juste à temps pour la signature du contrat.

— Encore faut-il que vous soyez présenté à votre future !

— Vous croyez que cela est indispensable ?

— Sans doute : ce serait blesser toutes les convenances que d’en agir autrement.

— Eh bien, si vous le voulez, demain, au sortir du château, après avoir prononcé le oui fatal, car celui qu’on dit à l’empereur n’est pas moins irrévocable que l’autre, je viendrai vous prendre pour vous conduire chez M. Brenneval ; vous me présenterez, vous parlerez en mon nom, vous direz, vous promettrez tout ce qui vous plaira, j’approuverai tout, et je partirai ensuite pour Valladolid.

— Soit, répondit madame de Cernan, cela fera bon effet ; mais je vous engage, si vous en trouvez l’occasion dans votre entretien avec l’empereur, à glisser quelques mots sur cette démarche de ma part. Il est homme à l’apprécier.