manière dont le masque s’était emparé de la chaine de cheveux et du petit médaillon. Cette dernière circonstance ébranla M. de Montvilliers, dans la croyance où il était que ce ne pouvait être Adhémar. Lui seul savait le prix qu’Ermance attachait à cette chaîne tissue de ses cheveux, et il paraissait impossible qu’un autre que lui eût osé la lui arracher. Cependant le fait était inexplicable.
À quelques jours de là, un aide de camp du duc de R… étant venu faire une visite à madame de Lorency et au président, leur dit que la Russie prenait une attitude menaçante, et que, malgré ses assurances d’amitié, l’empereur avait envoyé de nouvelles instructions à son ambassadeur, afin de savoir à quoi s’en tenir sur certaine disposition qui devait inquiéter la France.
— Cette mission délicate, ajouta-t-il, a été remplie avec autant de promptitude que de discrétion.
— Et savez-vous par qui ? demanda le président.
— Non, monsieur ; je sais seulement que la personne chargée d’apporter à l’empereur la réponse qu’il attendait de Saint-Pétersbourg, est repartie presque en sortant de l’audience.
En ce moment, M. de Montvilliers regarda Ermance, et chercha à confirmer ses soupçons en questionnant de nouveau l’aide de camp ; mais celui-ci n’en savait ou n’en voulait pas dire davantage.
— Ainsi, vous croyez, dit M. de Maizières, que cette belle amitié de Tilsitt finira par des coups de canon ? Eh bien, cela ne m’étonnerait pas ; c’est l’opinion de M. de T… ; vous savez qu’il se trompe rarement. On prétendait l’autre soir que l’empereur Alexandre ne pardonnerait jamais au gendre de l’empereur d’Autriche de n’avoir pas voulu être son beau-frère. Vous en conviendrez, voilà un sujet de guerre qu’on n’aurait pas prévu il y a dix ans.
Pendant cette conversation, Ermance, absorbée par l’idée que c’était à M. de Lorency qu’avait été confiée la mission dont on venait de parler, déplorait la fatalité, qui la faisait paraître coupable lorsque sa conduite avec le comte Albert,