Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/271

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d’amateur rendait suspect à ceux qui refusent toute supériorité dans les arts aux gens élevés dans le monde. Cependant, ce talent auquel on reprochait déjà d’être presque aussi savant que son maître, devait bientôt succéder dignement à nos plus grands compositeurs et maintenir la pompe opériale à côté du premier génie de l’Italie. Sa musique brillante, harmonieuse et difficile, avait pour interprètes d’excellents amateurs, parmi lesquels on distinguait la jolie madame du Cham… dont la voix avait le même charme qu’elle a mis depuis dans ses ravissantes romances. Un des meilleurs acteurs de cette troupe choisie était le maître de la maison : c’est à ses talents, à sa politesse exquise, que l’on pouvait attribuer, autant qu’à la grâce affectueuse de la princesse de Ch., l’empressement que tant de talents supérieurs mettaient à rendre ses fêtes charmantes et inimitables.

Un vaudeville, où l’on célébrait le patron du jour, et dans lequel MM. Isabey, Cicéri et la célèbre madame Grassini remplissaient les principaux rôles, suivit l’opéra de M. Auber. On ne se laissait point d’admirer la belle cantatrice, qui, déguisée en marchande de chansons, trahissait son rang en parant de toutes les richesses de son art la romance si mélodieuse et si chevaleresque de la reine Hortense : Partant pour la Syrie. On applaudissait à la voix légère et pure du jeune décorateur, l’EIleviou de la troupe, et l’on riait aux éclats du comique vrai et des lazzi imprévus du fameux peintre dont les portraits étaient recherchés dans toute l’Europe. Enfin, chacun paraissait vivement captivé par la représentation, lorsqu’un arrivant du château des Tuileries s’approcha du ministre de Danemarck pour lui apprendre que l’impératrice était sur le point d’accoucher, et qu’une grande partie de la cour était déjà réunie dans la galerie de Diane pour attendre l’événement si désiré.

À peine cette nouvelle eut-elle fait le tour de la salle, qu’on en vit sortir toutes les personnes que leur rang ou leur devoir appelaient au château ; Adhémar et madame de Cernan partirent des premiers, en confiant madame de Lorency aux soins de la baronne de Volberg.

En attendant le souper, Ermance et Natalie allèrent s’asseoir,