Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/34

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Deux postillons se faisaient faire place à coups de fouet par toutes les voitures qui remplissaient la cour, et ils conduisaient une calèche vers le perron.

— C’est lui ! s’écria madame de Cernan, c’est lui !

Et elle respira de manière à ne laisser aucun doute sur le supplice où l’attente de son neveu l’avait mise.

En effet, c’était M. de Lorency, accompagné de M. de Maizières, son intime ami, que madame de Cernan avait chargé d’aller à sa rencontre pour mieux s’assurer d’Adhémar. Tous deux avaient changé d’habits au dernier relai, et paraissaient dans la tenue la plus convenable. Après quelques mots d’excuses, trop bien motivées pour ne pas être accueillies, on fit placer Adhémar à côté d’Ermance, et le notaire commença la lecture, qui fut attentivement écoutée de tous, excepté des fiancés.

Quand on se leva pour signer, M. de Maizières s’approcha de son ami et dit :

— Ma foi, je ne te plains plus ; elle est ravissante !

À ces mots, Adhémar leva les yeux sur Ermance, qu’un embarras mêlé de dépit animait de couleurs vives et rendait éclatante ; il commençait à trouver que Ferdinand avait raison, lorsqu’on annonça la duchesse d’Alvano.

C’était la première fois que M. de Lorency se trouvait avec elle depuis qu’il savait la part qu’elle avait prise à son mariage ; de dix lettres écrites dans sa fureur, aucune n’était partie, l’orgueil mutuel les ayant tous deux condamnés au silence.

La parure élégante de la duchesse d’Alvano, sa démarche audacieuse et sa gaieté affectée auraient suffisamment rassuré Adhémar sur la constance de la belle Euphrasie, si sa modestie, ou plutôt son inexpérience ne l’avait abusé.

— Elle a trouvé ce moyen poli de me quitter, pensa-t-il, eh bien, prouvons-lui qu’elle a prévenu mes vœux, et que je suis heureux du bonheur qu’elle m’a choisi.

Alors il s’efforce d’adresser la parole à Ermance, lui fait des compliments distraits, des questions indifférentes, puis, voyant