Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/72

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tait pour elle avait été naturellement le sujet de la conversation dans toutes ses visites du matin. La duchesse d’Alvano était celle qui avait témoigné la plus vive inquiétude pour Ermance ; dans son extrême intérêt, elle était accourue chez elle, décidée à s’établir auprès de son lit, et ne doutant pas que ses soins ne fussent accueillis avec reconnaissance ; mais madame de Lorency n’était pas visible. La duchesse insiste pour la voir, se nomme, et prétend qu’elle doit être sur la liste du petit nombre de personnes admises. On lui répond que la comtesse Donavel n’a fait aucune exception. La duchesse d’Alvano s’irrite d’un procédé qui blesse, dit-elle, son amitié ; mais son inquiétude l’emporte, elle demande à parler à mademoiselle Augustine ; celle-ci vient lui réitérer l’ordre qu’elle a reçu de sa maîtresse de ne laisser entrer qui que ce soit.

— Elle est donc bien malade ? dit madame d’Alvano avec plus d’ironie que de crainte.

— Le médecin ne sait point encore ce que deviendra cette fièvre ; mais madame est dans un accablement qui fait pitié, elle est surtout fort oppressée. Madame Donavel pense que l’air d’Aix-la-Chapelle lui est contraire, et je crois que si M. Brenneval arrive ce soir, comme il l’annonce, nous ne tarderons pas à nous mettre en route pour Paris. Mais j’entends qu’on m’appelle…

En disant ces mots, mademoiselle Augustine quitta précipitamment la duchesse, dont la voiture s’éloigna presque aussitôt et vint s’arrêter à la porte de M. de Maizières.

Il partait pour se rendre au jeu : madame d’Alvanole conjura de venir faire un tour de promenade sur les remparts avec elle, et tout en lui faisant valoir le sacrifice que ce charmant caprice pouvait lui coûter, il se résigna à monter dans sa calèche.

— Vous savez qu’Ermance est à la mort ? dit-elle alors à M. de Maizières.

— Que dites-vous ? reprit-il avec effroi ; elle vient de me faire dire qu’elle avait un peu de fièvre, mais que son état n’avait rien d’inquiétant.