Page:Nichault - Une aventure du chevalier de Grammont.djvu/19

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De tout ce que, sur vous, je viens d’entendre dire,
De l’amour qu’on vous cache, et des projets qu’on a.
Un valet ne doit pas se mêler de cela.

LE CHEVALIER.

Bon, que dis-tu ! quelle est cette beauté discrète
Qui t’a fait confident de sa flamme secrète ?

THERME.

À quoi sert d’en parler ? Doit-on ajouter foi
Aux récits mensongers d’un homme tel que moi ?

LE CHEVALIER.

Ah ! quand la vérité peut t’être profitable,
De parler franchement je te crois fort capable.

THERME.

C’est toujours quelque chose, et…

LE CHEVALIER.

C’est toujours quelque chose, et…Dis-moi sans détour
Quel est ce doux objet, victime de l’amour.

THERME.

Une femme adorable ! unique !

LE CHEVALIER.

Une femme adorable ! unique !Ah ! je devine,
Tu viens de rencontrer la charmante Delphine ?

THERME.

Bien mieux qu’elle vraiment ! certes je fais grand cas
De son air enjoué, de ses jeunes appas ;
Mais la grâce, l’esprit ont cent fois plus de charmes,
Et pour un conquérant dont chacun craint les armes,
La gloire d’asservir un cœur qui se défend,
Vaut mieux que le plaisir de séduire un enfant.

LE CHEVALIER.

Fais-moi grâce aujourd’hui de tout ce verbiage,
Et dis-moi simplement quel est son nom, son âge ?

THERME.

Son nom ? Vous le savez déjà, j’en suis certain.

LE CHEVALIER.

Tu me fais trop d’honneur ; je ne suis pas si fin.