Page:Nichault - Une aventure du chevalier de Grammont.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

THERME.

Aux attraits dont je parle, à cette grâce exquise,
Comment n’avez-vous pas reconnu la Marquise ?

LE CHEVALIER.

Madame de Sénante !…

THERME.

Madame de Sénante !…A pour vous de l’amour.

LE CHEVALIER.

Quand, pour elle, Matta soupire nuit et jour !

THERME.

Et qu’importent les soins d’un amant incommode !
Les amoureux transis ne sont plus à la mode.
Et monsieur de Matta, soit dit sans vous flatter,
Ne peut être un rival pour vous à redouter.

LE CHEVALIER réfléchissant.

Quoi, la Marquise aurait tant de coquetterie !…
Non, non, c’est de sa part une plaisanterie.

THERME.

Une plaisanterie ! et pensez-vous vraiment
Que je sois si crédule en fait de sentiment ?
Ah ! quand on a l’honneur d’être à votre service,
On ne saurait, monsieur, rester long-temps novice.
D’abord ainsi que vous je me suis fait la loi
De ne croire aux discours, qu’autant que je les voi :
Moi, j’écoute des yeux.

LE CHEVALIER.

Moi, j’écoute des yeux.C’est le moyen d’apprendre.

THERME.

Et, lorsque j’aperçois dans une femme tendre,
Les vains efforts d’un cœur qui craint de se trahir,
Et cet air de froideur que dément un soupir ;
Toutes ces ruses-là me prouvent sa franchise :
Et voilà justement comme était la Marquise.

LE CHEVALIER souriant.

Vraiment ?