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THERME.

J’entends venir quelqu’un.

LE CHEVALIER.

J’entends venir quelqu’un.Laisse-moi.

THERME.

J’entends venir quelqu’un. Laisse-moi.Songez bien
Que de ce qu’on m’a dit mon maître ne sait rien.

LE CHEVALIER.

C’est bon.

THERME, à part.

C’est bon.Voilà de quoi rompre le mariage.


SCENE V.


LE CHEVALIER, MATTA.
MATTA.

Ma foi, je ne saurais y tenir davantage !
Du matin jusqu’au soir promener ce marquis,
Être, sur chaque point, toujours de son avis ;
Admirer ce qu’il fait, et se pâmer de rire
Aux ennuyeux bons mots qu’il s’amuse à redire ;
À la chasse le suivre, à table l’écouter ;
Connaître les auteurs qu’il lui plaît de citer ;
S’enfermer chaque soir loin de la compagnie,
Pour divertir monsieur, et faire sa partie ;
Apprendre qu’en amour il n’eut point de rival,
Ou l’entendre vanter son bonheur conjugal ;
À la fin ce métier lasse ma patience ;
Et quel que soit l’honneur de la persévérance,
Je renonce au profit qui m’en peut revenir.

LE CHEVALIER.

Quoi ! lorsque tes ennuis sont tout près de finir,
Au moment du succès ton cœur se décourage ?
En vérité, mon cher, je le croyais plus sage.