Avec tes beaux conseils, je te trouve plaisant,
Et voudrais bien te voir à ma place un instant,
Pour me convaincre un peu de ta haute sagesse.
On doit tout supporter pour plaire à sa maîtresse.
Oui, lorsqu’on est aimé, mais qui peut m’assurer
Des sentimens qu’ici je croyais inspirer ?
C’est toi, qui certain jour, je m’en souviens encore,
Vins me dire tout bas : Mon ami, l’on t’adore.
Un peu surpris d’abord de ce brusque bonheur,
Je voulus quelque temps douter de ma faveur ;
Mais tu me fis si bien compliment de ma gloire,
Qu’en véritable sot je finis par y croire ;
Et que malgré mon goût, pour céder à tes vœux,
Je me laissai par toi couvrir de rubans bleus.
En te faisant porter les couleurs de ta belle,
Je croyais ajouter une grâce nouvelle
À celles qui déjà t’avaient gagné son cœur.
Non, le bleu me sied mal.
Je l’ignorais, d’honneur.
Encore, si pour prix de tant de complaisance,
Quelques moments heureux comblaient mon espérance !
Ah ! pour les obtenir, il faut les acheter,
Et contre les délais ne pas se révolter.
D’ailleurs, chaque pays en usage diffère :
À Paris on décide, ici l’on délibère ;
Mais le but est le même ; au temple de l’amour.