Page:Nichault - Une aventure du chevalier de Grammont.djvu/44

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Convive du mari, soupirant de la femme,
Aimable pour chacun, de tous deux bien venu.

MATTA.

De votre femme ! moi le soupirant connu ?

LE MARQUIS.

Eh quoi ! prendriez-vous ce nom pour une offense ?
Je serais fort blessé de cette irrévérence.
Apprenez que ma femme a bien assez d’appas,
Pour voir mille galans enchaînés à ses pas ;
Et qu’épris de ses yeux, des gens du haut parage,
N’ont pas cru s’abaisser en lui rendant hommage.

MATTA.

De ses attraits bien loin de nier le pouvoir,
Croyez que le respect, la crainte, le devoir,
Ont seuls…

LE MARQUIS, fort animé.

Ont seuls…Dirait-on pas que chercher à lui plaire
Est un soin ridicule ?

MATTA.

Est un soin ridicule ?Allons, point de colère :
Si près d’elle j’obtiens quelque espoir de retour,
Puisque vous l’ordonnez, je lui ferai la cour.

LE MARQUIS.

De nos maris jaloux je n’ai point le système,
Et rien ne peut troubler ma confiance extrême.

MATTA.

Ah ! c’est aussi montrer trop de tranquillité !

LE MARQUIS.

Non, j’ai trois sûrs garans de ma sécurité :
Le premier est, d’abord, la vertu de ma femme ;
Après, le sentiment qui pour moi seul l’enflamme ;
Et pour troisième, enfin, l’avantage réel
De joindre à certain air un esprit naturel