Page:Nichault - Une aventure du chevalier de Grammont.djvu/45

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Qui doit, sans vanité, me rendre préférable
À l’amant le plus tendre et le plus agréable.

MATTA.

À cet obstacle-là je n’avais pas pensé :
Les agrémens sont tout, oui, rien n’est plus sensé,
Et vous avez raison de compter sur les vôtres ;
Allez, ce garant-là vaut autant que les autres.

LE MARQUIS.

N’est-ce pas ?

MATTA.

N’est-ce pas ?Comment donc ! je n’ai jamais douté
Des plaisirs que l’on trouve en votre intimité.
Et pour vous le prouver, je vais, sans plus d’adresse,
Vous demander la main de votre aimable nièce.

LE MARQUIS.

Vous arrivez trop tard ; je ne puis vous nier
Qu’elle est depuis long-temps promise au Chevalier.

MATTA.

À Grammont ?

LE MARQUIS.

À Grammont ?C’est encore un secret de famille.
Il nous fallait savoir comment la jeune fille
Accueillerait ce choix ; et s’il vous l’a caché,
Votre ami le devait, n’en soyez pas fâché.

MATTA.

Vraiment, non ; dans ceci rien ne peut me déplaire,
Car c’était pour lui seul que j’entamais l’affaire.

LE MARQUIS.

Oui ?… Tant mieux ; mais étant d’accord sur cet objet,
Occupons-nous un peu d’un plus grave sujet.
Tel que vous me voyez, vif, léger dans le monde,
Je n’en ai pas moins fait une étude profonde
De l’histoire, et des mœurs de chaque nation.