Page:Nichault - Une aventure du chevalier de Grammont.djvu/78

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LE CHEVALIER.

Sans ce maudit retour… L’insolent !Vous riez ?
C’est assez convenir de tout ce que je pense.

LA MARQUISE.

Non, je ris de l’excès de votre confiance,
Et me reprocherais d’en vouloir abuser.
Si jamais une femme osait s’en amuser,
Contre elle, croyez-moi, montrez-vous implacable,
Par un prompt abandon punissez la coupable,
Allez loin de ses yeux apprendre à la haïr.

LE CHEVALIER.

Ah ! c’est là votre avis ?

LA MARQUISE en souriant.

Ah ! c’est là votre avis ?Oui, vous pouvez partir.

MATTA.

Je suis vengé.

LE MARQUIS au Chevalier.

Je suis vengé.Fort bien, maintenant je devine :
Connaissant les secrets sentiments de Delphine,
Elle aura contre vous employé son esprit.
Et peut-être elle-même a dicté cet écrit

LA MARQUISE avec ironie.

Moi, j’aurais triomphé ?

LE CHEVALIER.

Moi, j’aurais triomphé ?J’entends votre ironie,
Madame, et comme un sot j’ai perdu la partie ;
Mais tout autre à ma place eût agi comme moi.
J’avais trop à gagner à votre bonne foi
Pour oser soupçonner une ruse pareille ;
Et j’en dois convenir, vous jouez à merveille.

LA MARQUISE.

Pas mieux que vous, vraiment, mais j’avais plus beau jeu.

LE MARQUIS.

Allons nous réjouir.