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Page:Nichault Les Malheurs d un amant heureux.djvu/163

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négociations, l’armée se trouva entièrement réunie le 26, près de la ville d’Alba.

C’est là que Bonaparte adressa à ses troupes cette première proclamation, qui porta leur enthousiasme à son comble :

« Soldats, vous avez en quinze jours remporté six victoires, pris vingt et un drapeaux, cinquante pièces de canon, plusieurs places fortes, conquis la partie la plus riche du Piémont ; vous avez fait quinze mille prisonniers, tué ou blessé dix mille hommes. Vous vous étiez jusqu’ici battus parmi des rochers stériles, illustrés par votre courage, mais inutiles à la patrie ; vous égalez aujourd’hui par vos services l’armée conquérante de la Hollande et du Rhin. Dénués de tout, vous avez suppléé à tout ; vous avez gagné des batailles sans canons, passé des rivières sans pont, fait des marches forcées sans souliers, bivouaqué plusieurs fois sans pain : les phalanges républicaines étaient seules capables d’actions extraordinaires. Grâces vous en soient rendues, soldats !

» Les deux armées qui naguère vous attaquèrent avec audace fuient devant vous ; les hommes pervers qui se réjouissaient dans leur pensée du triomphe de vos ennemis sont confondus et tremblants ; mais, soldats, il ne faut pas vous le dissimuler, vous n’avez encore rien fait, puisque beaucoup de choses vous restent encore à faire. Ni Turin, ni Milan ne sont encore à vous ; vos ennemis foulent encore les cendres des vainqueurs des Tarquins.

» Vous étiez dénués de tout au commencement de la campagne ; vous êtes aujourd’hui abondamment pourvus. Les magasins pris à vos ennemis sont nombreux ; l’artillerie de siége est arrivée : la patrie attend de vous de grandes choses. Vous justifierez son attente ; vous brûlez tous de porter au loin la gloire du peuple français ; d’humilier les rois orgueilleux qui méditaient de nous donner des fers ; de dicter une paix glorieuse qui indemnise la patrie des sacrifices qu’elle a faits. Vous voulez tous, en rentrant dans le sein de vos familles dire avec fierté : J’étais de l’armée conquérante de l’Italie.

» Amis, je vous la promets cette conquête ; mais il est une condition qu’il faut que vous juriez de remplir, c’est de res-