Page:Nichault Les Malheurs d un amant heureux.djvu/350

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lumière nous indiquait l’entrée d’un immense vestibule. C’est là que nous descendîmes. Un vieux concierge vint en grelottant s’informer si c’était M. de Révanne ; et, sur notre réponse affirmative, il nous pria d’attendre quelques moments dans cette salle humide et ouverte à tous les vents, pendant qu’il irait prévenir son maître de notre arrivée. Le postillon jurait en secouant son manteau poudré de neige, et maudissait les gens de la maison de nous laisser attendre ainsi par le temps qu’il faisait dans une chambre sans feu. J’en disais tout bas autant que lui, et je frappais des pieds pour me réchauffer. Gustave seul ne montrait pas la moindre impatience. Enfin, la voix de M. de Léonville se fit entendre.

— Es-tu bien sûr que ce soit M. de Révanne, disait-il au concierge.

— Eh ! oui, c’est lui, m’écriai-je du bas de l’escalier.

— Attendez-moi, reprit-il en descendant, je vais vous conduire ; je suis content de toi, ajouta-t-il en se tournant vers le vieux serviteur. Maintenant, emmène le postillon à la cuisine, et fais le souper avant de repartir.

— Je vous demande la permission, dit Gustave, de le garder cette nuit au château ; il couchera à l’écurie.

— Tout comme il vous plaira, reprit M. de Léonville ; mais venez vous chauffer là-haut dans le salon. Vous y trouverez des gens de connaissance.

Gustave témoigna le désir de se rendre d’abord dans sa chambre pour y changer d’habit ; car les nôtres étaient trempés. Alors M. de Léonville nous fit traverser un long corridor au bout duquel nous entrâmes dans une grande chambre boisée, peinte d’une couleur sombre, mais éclairée par un bon feu.

— Je vais vous envoyer votre bagage, dit-il à mon maître ; et comme vous ne sauriez faire quatre pas dans ce vieux château, sans vous y perdre, mon domestique se tiendra près du corridor pour vous conduire dans le salon, dès que vous serez prêt à nous y rejoindre.

Et il nous laissa seuls. Mon maître s’assit près du feu, m’ordonna de m’en approcher. Bientôt le domestique vint apporter la malle, et prévenir Gustave qu’on l’attendait.