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Page:Nichault Les Malheurs d un amant heureux.djvu/351

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Alors je le vis pâlir comme s’il eût entendu prononcer l’arrêt de sa captivité perpétuelle.

— Monsieur n’a peut-être pas eu le temps de dîner en route, ajouta le domestique ; et, s’il veut prendre quelque chose…

Merci, interrompit Gustave, j’ai dîné. Obligez-moi seulement de faire souper Victor le plutôt possible. Il doit avoir faim.

— Pas plus que vous, dis-je tout bas ; car il n’avait pris qu’une tasse de café dans toute sa journée.

Après avoir tiré de la malle ce qu’il fallait pour habiller mon maître, il me dit de la refaire, de la rattacher à sa voiture, et de me tenir prêt à partir dans deux heures. Ensuite il me demanda son portefeuille, et se mit à écrire un billet dans lequel il renferma la petite bague qu’il portait depuis deux mois. À peine avait-il cacheté ce billet, que M. de Léonville entra.

— J’allais vous rejoindre, lui dit Gustave, et vous prier de remettre vous-même ce mot à madame de Civray, dès que vous serez de retour à Paris. C’est un adieu éternel… et j’attends ce dernier service de votre amitié…

En finissant ces mots, Gustave serra la main de son ami. M. de Léonville lui sourit d’un air tendre, l’entraîna hors de la chambre, et tous deux arrivèrent bientôt à la porte d’un salon.



LXX


— Enfin, le voilà, dit M. de Léonville en entrant avec Gustave.

Au même instant, chacun se lève. Le capitaine Saint-Firmin accourt l’embrasser, tandis que deux hommes, debout près d’une table de trictrac, interrompent leur partie pour le saluer profondément. L’un était le notaire de M. de Léonville, l’autre l’ancien curé du village. Tous deux sont présentés par le châtelain à Gustave, qui reçoit aussi les félicitations du