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Page:Nichault Les Malheurs d un amant heureux.djvu/352

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maire et de deux fermiers du voisinage, invités pour compléter le nombre des témoins.

— Puisque nous sommes tous réunis, dit M. de Léonville, je vais faire éclairer la salle de la mairie et ouvrir la chapelle. Tous les articles du contrat étant connus des futurs époux, nous en ferons la lecture entre la cérémonie municipale et la messe, que M. le curé ne peut nous dire avant minuit. Mais il est déjà tard, et je vais chercher les papiers dont M. le maire a besoin.

— C’est fort bien, dit le maire d’un air gaiement malin ; mais il me faut encore autre chose, car je ne saurais faire les mariages sans femme, et je ne vois pas ici la fiancée.

— C’est juste, répondit M. de Léonville, et c’est au futur à l’aller chercher. — Saint-Firmin, ajouta-t-il, conduisez M. de Révanne par le grand corridor dans le petit salon qui précède la chambre verte ; vous viendrez ensuite tous les trois nous rejoindre à la mairie.

Et Gustave, se levant sans rien dire, s’apprêta à suivre le capitaine.

Ils traversèrent en silence une galerie meublée d’ancêtres plus laids et plus tristes les uns que les autres, et qui, pour la plupart, dépouillés de leur cadre et pâlis par le temps, semblaient de lugubres fantômes. Ensuite, passant par la salle de billard et deux autres chambres, ils arrivèrent à une grande porte que le capitaine s’efforça vainement d’ouvrir.

— Je me suis trompé, dit-il ; ce n’est point ici. Il faut revenir sur nos pas. Je devais prendre par la porte de la galerie qui donne sur le corridor.

Et mon maître le suivait avec une docilité parfaite. Enfin, ayant retrouvé le corridor, ils parvinrent au petit salon de la chambre verte.

— Madame est-elle prête ? peut-on lui parler ? demanda Saint-Firmin à une femme qui rangeait des pots de fleurs sur la cheminée.

— Madame n’est plus là, reprit-elle en montrant la chambre verte ; elle vient de descendre avec un vieux monsieur qui lui donnait le bras pour la conduire, à ce que j’ai entendu, dans la salle de la mairie.