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Page:Nichault Les Malheurs d un amant heureux.djvu/96

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— Et quel est donc cet invincible obstacle ?

— Mais vous le voyez d’ici.

— Quoi ! c’est ce grand monsieur poudré comme un marquis de comédie ?

— Oui, Dolivar, le riche fournisseur, tenez, celui qui parle maintenant.

— Ah ! si ce n’est que cela… dit Gustave en souriant.

— Comment, que cela, répéta mademoiselle Albertine ; mais c’est plus qu’il n’en faut pour déconcerter vos projets.

— Si vous vouliez me promettre de n’y pas apporter d’autre obstacle, celui-là ne m’embarrasserait guère.

— On voit bien que vous ne le connaissez pas.

— C’est donc un rival bien redoutable ?

— Je n’en sais rien ; mais c’est un ami précieux.

— Eh bien, il faut le garder comme un trésor, et le traiter en conséquence.

— Vous allez me prouver qu’il faudrait l’enterrer ?

— Pas tout à fait, mais le ménager.

— Pour cela, j’y consens.

Si c’est votre avis, commencez dès ce soir, en l’engageant à se retirer de bonne heure.

— Il n’y a pas moyen, vous dis-je, puisqu’il doit me reconduire.

— Eh bien, répondez-moi franchement ; s’il refusait aujourd’hui même le bonheur qui l’attend, pourrais-je y prétendre ?

— Quelle folie !

— Qu’importe ? dites oui, et cette folie vous amusera peut-être.

— Vous le voulez, j’y consens, reprit mademoiselle Albertine en souriant avec malice ; aussi bien n’est-ce pas m’engager beaucoup, car il n’est pas probable…

— Ceci me regarde, interrompit Gustave d’un air triomphant. Quant au reste, vous l’avez promis, je le veux, et M. Dolivar est trop honnête pour ne pas venir au-devant de nos désirs.

En ce moment il s’éleva une si vive querelle entre M. Merval et l’ambassadeur que chacun y prit part. Gustave, en