Elle me sourit gaîment et me souhaita la bienvenue. Je lui remis un présent.
Alors, jacassante, elle prépara le thé. Je m’étais assise par terre et je la regardais.
Elle a un sourire enfantin dans un visage déjà fané et ma curiosité se heurte à la bestialité heureuse de ce visage.
Des mots revenaient à ma mémoire :
« Je ne sais quels sont tes sortilèges, mais mon âme vient de te voir si parfaite devant le désir… »
— Je ne te dérange pas, Fatouma-aux-sortilèges ?
Elle me regarda, sans comprendre.
Lorsque j’eus terminé ma troisième tasse, à grand bruit, ainsi que le veut l’étiquette, je lui offris une cigarette.
— Sais-tu lire le français, Fatouma ?
— Oh ! non, comment saurais-je ?
— Tiens, voilà des lettres que tu as perdues.
— Ah ! fit-elle simplement. Merci.
Elle prit la liasse et la glissa entre ses seins où elle se perdit.
— Qui t’écrit ?
— Un homme, bien sûr.
— Et tu ne sais pas ce qu’il t’écrit ?
— Oh ! non. Mais ce qu’ils ont à dire, on le sait d’avance : c’est toujours la même chose, n’est-ce pas ?
Et elle se mit à rire, gaillardement.
— Où l’as-tu connu ?
Elle me cita un poste, non loin de là, que je savais occupé par des méharistes.
— L’aimes-tu ?
Elle rit encore, sans me répondre.
Ma curiosité s’exaspérait.
Je ne savais comment m’exprimer.
— Fatouma, as-tu envie de le revoir ? dis-je enfin.
— Il doit venir bientôt, répondit-elle sans trouble.