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LA LOI DU SUD

Mais tout cela prenait sous le soleil saharien, des teintes fauves, des reflets de cuivre et de bronze.

Ils ne firent que saluer le phare de « Bidon 5 » et ce n’est que longtemps, longtemps après qu’elle s’exclama au premier passage d’une troupe d’antilopes et de mouflons.

Ils demeurèrent un jour entier à Gao. Le pilote ne quittait Brigitte qu’aux heures de sommeil.

C’est lui qui la conduisit aux bords du Niger. Le soleil le faisait briller d’un éclat insoutenable. Ses berges étaient vêtues de plantes vivaces, d’herbes grasses, d’arbres couverts d’oiseaux roses si nombreux qu’ils semblaient être la floraison de ces troncs gigantesques.

Les crocodiles dormaient, immobiles comme le reste. Des tiges de bourgou, que les eaux n’avaient plus la force de charrier, s’étaient arrêtées au milieu du fleuve. Un enchanteur avait touché la nature de sa baguette magique.

Le lendemain, ils prirent leur dernier envol.

La brousse apparut avec ses guépards, ses phacochères, et ses lions qui, de haut, semblaient des jouets d’enfant dont il était impossible de s’effrayer.

Après Niamey, ils survolèrent la forêt vierge, suivant précautionneusement la piste.

Brigitte se pencha pour mieux voir ce spectacle nouveau.

C’est alors que quelque chose tournoya dans le vide comme une flamme brillante et s’abattit sur le sol.

L’avion piquait du nez avec une vitesse folle.

— L’hélice s’est détachée ! hurla Antoine.

Ce furent les derniers mots qu’elle entendit.

Dans un élan fou, la forêt montait vers elle…

Quand elle reprit connaissance, Antoine la regardait anxieusement.

— Vous sentez-vous mieux ?

— Oui.

— Essayez de vous lever pour voir si vous n’avez rien de cassé !