Marion concéda :
— C’est vrai. Il faut dire ce qui est. Pour une photo au poil, c’est une photo au poil.
— Je l’ai prise à l’identité judiciaire en pleine crise de fureur de l’inculpé. Il y avait là deux ou trois confrères, Gaston Paris, Serge Brodsky. Leur présence l’a mis dans une colère noire. Vous le connaissez. Il est violent. À aucun prix, il ne voulait qu’on le prenne. Il s’est même jeté sur le petit Papillon… vous savez, celui qui ressemble à un pâtre grec et qui est toujours là pour recevoir des coups quand il y a à en prendre. Les agents ont voulu le retenir. Mais Savelli est costaud. Il les a entraînés. Ah ! cela a fait une belle bagarre. C’est juste à ce moment-là que j’ai pu prendre mon cliché.
— Et Papillon ?
— Papillon ? intervint Marion… Il arbore un œil au beurre noir et son Rollefleix est en pièces détachées.
Neyrac tapotait la nappe avec la lame de son couteau.
— Et c’est cette photo de Savelli que vous avez l’intention de passer en couverture ?
— Un agrandissement, oui.
Neyrac se renversa sur sa chaise, alluma une cigarette.
— Eh ! bien, à votre place, j’attendrais encore un peu.
Marion Hérelle redevint subitement sérieuse.
— Pourquoi ? Savelli est cependant l’assassin.