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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Ça va très bien comme cela.

Ainsi Ruby était devenue l’une des May Sisters.

Un mois pour mettre le numéro au point. Et Liliane, qui avait des relations un peu partout, les faisait engager toutes deux au Casino de Paris. Les May Sisters y avaient tout de suite connu le succès.

Il était bien vrai que les deux jeunes femmes ne se ressemblaient nullement. Et maintenant que les perruques étaient enlevées, que le cold-cream avait ôté le maquillage, dans le même miroir où tout à l’heure s’affirmait leur similitude de Sisters apparaissait leur différence. Liliane était rousse ; son front était encore pur, mais quelques rides légères au coin des yeux, une certaine fatigue de la bouche attestaient qu’elle avait déjà vécu durement. Elle était plus âgée que Ruby ; toute jeune elle avait commencé à rouler, et elle était déjà lasse. Mais son corps soudain émergé de la robe s’avérait encore parfait, net. Ruby, elle, était brune ; son visage tout jeune, n’avait, à la ville, point besoin de fards, si ce n’est un peu de rouge sur les lèvres. Son corps était moins épanoui que celui de Liliane.

— Tu veux me passer ma combinaison, fit Liliane… Merci… Alors, dis-moi, comment cela s’est-il passé ?

— Je viens de te le dire. Tu comprends, il fallait bien que j’avoue à mes parents que je jouais. Avec les représentations du soir, je ne pouvais plus raconter d’histoires. Et puis j’en avais assez. Mes