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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

planté devant la porte. Nous avons décidé de dîner ensemble ce soir.

— Tu sais qui c’est ?

— Il s’appelle Jean.

— Tout le monde s’appelle Jean.

Liliane passait sa robe.

— En somme, tu es toute prête à devenir la maîtresse d’un monsieur que tu ne connais pas. Écoute-moi un peu. Je n’ai pas de conseils à te donner et tu trouveras peut-être que je me mêle de ce qui ne me regarde pas… Mais, tout de même, à ta place, je réfléchirais avant de sauter le pas. Je sais bien qu’un jour ou l’autre, ça t’arrivera. Mais fais attention. L’amour, c’est plus passionnant quand on en rêve que quand on le fait. C’est pas toujours drôle, et ce que les hommes peuvent parfois être mufles. Avant d’épouser Tonio, j’ai mené une drôle d’existence. Je t’en souhaite pas une pareille. Du moins, j’ai de l’expérience. C’est pourquoi je te dis : attends le plus longtemps que tu pourras.

Ruby, qui se recoiffait, ne répondit pas.

Ses pommettes avaient un peu rougi.

Liliane se mit à rire.

— Ça ne fait rien. Il y a bien des gens qui rigoleraient s’ils entendaient que je te fais de la morale, et ici.

Contre une porte voisine, un poing tambourina. La voix du régisseur s’éleva :