Page:Nicolaï - La mort fait le trottoir, 1948.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Alors quoi ? Vous n’entendez pas le timbre, non ? C’est bientôt votre tour. Pressons… Pressons.

Liliane sursauta.

— Oh ! ça va être aux Campellini, tu sais, les athlètes nus. Le porteur est magnifique. Je ne veux pas rater cela. Je file.

Elle ouvrit la porte. On entendit l’orchestre qui reprenait une marche que scandait la batterie.

Sur le seuil, Liliane se retourna.

— Pour ta chambre, ne t’en fais pas. Il y en a une de libre là où je loge, au Minerva, rue Clauzel. Je vais y faire porter ta valise. Tu verras, tu y seras bien. Ne sois pas en retard ce soir. À tout à l’heure.

Et elle se sauva.

Presque derrière elle, Ruby sortit à son tour. Dans l’étroit corridor, elle croisa une troupe de girls qui se bousculaient ; les unes avaient déjà fait sauter leur soutien-gorge d’autres, tout en courant, ôtaient les coiffures empanachées que des élastiques retenaient sur leur tête. Des bribes de conversations lui parvenaient.

— Tu as vu. Il a fallu remettre cela parce que les Campellini avaient raté leur entrée. Et ils couperont à l’amende, eux ! Ah ! si c’était nous.

— Dis, Gaby, tu me prêteras ta fourrure ce soir. J’ai rendez-vous.

Ruby se fraya un passage parmi leur troupe qui sentait la sueur, le blanc-gras et le parfum bon