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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

petit homme n’osa pas entrer derrière elle. À un guichet, elle s’attarda, demandant à l’employé éberlué des renseignements oiseux, se faisant donner des formules de dépôt, puis obtenant qu’on lui change en petites coupures les quelques billets qu’elle avait dans son sac, toutes manipulations destinées à leurrer la surveillance que M. Noiret aurait pu exercer de l’extérieur.

Quand elle sortit, elle l’aperçut qui se dissimulait derrière un arbre. Un peu plus loin, elle entra dans un bureau de poste. Elle n’était pas sans inquiétude pour son équipée nocturne. Elle voulait prévenir Jean Masson. Mais elle réfléchit qu’à cette heure-là il n’était pas au bureau et qu’elle ne pourrait pas le joindre par téléphone. D’ailleurs, elle craignait un peu les indiscrétions toujours possibles des cabines publiques plus ou moins closes. Elle demanda une carte pneumatique, la rédigea.

— Cher vieux : c’est important. Demande au patron qu’il te prête la grande voiture. Poste-toi avec elle près de l’hôtel Morel, passage de l’Élysée des Beaux-Arts. Suis la voiture dans laquelle tu me verras monter. Sois prêt à tout. Merci.

Elle sécha l’encre sur le buvard du sous-main, cacheta, glissa le pneu dans la boîte spéciale. À peine était-elle partie, que M. Noiret dégageait rapidement le buvard du sous-main, le plia le mit dans sa poche. Dehors il héla un taxi et