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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

ce que je ne lui pardonnerai pas puisqu’il me prive d’admirer comme il convient l’élégance de tes traits.

Sur le palier du premier étage où Liliane lui avait dit habiter, trois portes s’offraient. À travers l’une perçaient les vocalises d’une soprano vraisemblablement italienne ; dans l’autre pièce, un homme et une femme s’invectivaient en une langue inconnue. Ruby se décida pour la troisième. C’était bien celle de Liliane.

— Ça y est, tu es casée, dit joyeusement cette dernière. Le groom du Casino a apporté ta valise. Viens, je vais te faire voir tes appartements. J’ai la clef.

Elles redescendirent toutes deux au rez-de-chaussée et Liliane fit entrer Ruby dans la chambre qui donnait la première à gauche sur le corridor.

— Voilà, fit-elle. Je crois que tu ne seras pas mal.

La chambre était vaste et gaie. Les murs étaient peints en un jaune clair de bon goût. Le divan, le cosy-corner et le fauteuil étaient couverts de velours havane.

— Tu vois, poursuivit Liliane ; ici, derrière ce rideau, tu as une grande penderie ; là, c’est la salle de bains. Tu as même une petite cuisine pour les jours où il ne te dirait rien d’aller au restaurant. C’est bien pratique.

Quelques œillets roses et rouges s’épanouissaient dans un vase. Ruby les remarqua.