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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Ce n’est pas la peine ; je ferai bien la reprise moi-même. Depuis que je danse en travesti, j’ai aussi appris à faire les ouvrages de dame.

— Et moi, répondit Ruby en prenant d’autorité le tutu des mains de l’homme, je n’ai pas encore eu le temps d’oublier.

Pendant qu’assise sur le lit, la jeune fille réparait la gaze déchirée, le créole demanda à Liliane :

— Alors, ça marche au Casino ?

— Le gros succès, mon vieux. À la prochaine affiche, nous avons la vedette. Et toi, chez Florence ?

— Je me défends pas mal. Bien sûr c’est pas encore Barbette, mais ça viendra.

— Et tes amours ?

Le créole fit la grimace, comiquement.

— Pas d’amour, tu sais. C’est mauvais pour le travail.

Liliane éclata d’un rire frais.

— Bien, tu sais, je turbine dur et cela ne m’empêche pas d’avoir l’amour.

— Ce n’est pas la même chose.

— Qu’en sais-tu ?

— Voilà, fit Ruby. Le mal est réparé.

— Merci beaucoup. C’est parfait. Je descends déjeuner.

— Dans cette tenue ?

Le créole se mit à rire.

— Oh oui ; ils ont l’habitude et le bar est tout à côté.