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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Il n’y a pas d’heure pour les braves, surtout quand il s’agit de dormir.

— Tu ne vas pas te lever ?

— Il le faut bien puisque tu m’as réveillée.

Rejetant les couvertures, elle se mit sur ses pieds.

— Tu sais, fit-elle, j’ai rencontré hier cette journaliste qui habite à côté de chez nous, rue Laferrière. Elle trouve notre numéro épatant et va nous faire un grand papier. Lido viendra nous photographier demain dans notre loge. C’est le début de la célébrité.

On frappa à la porte, et avant que Liliane eût répondu, entra, drapé dans un peignoir de bain à rayures orange et bleu vif, un grand diable au teint olivâtre, aux cheveux crépus, qui s’avança d’une démarche souple, en traînant des sandales de rafia.

— Je te demande pardon, dit-il en zézayant ; peux-tu me prêter une aiguille pour réparer cela ?

Il tenait à la main un tutu de danseuse.

— C’est plein de clous chez Florence ; j’ai accroché ma robe, expliqua-t-il.

Liliane, du menton, désigna Ruby.

— Tiens, donne cela à la gosse. Elle va l’arranger. Tu la connais ? Non ? C’est Ruby, ma Sister. Ça n’en a pas l’air, mais c’est tout de même comme cela.

Le créole tendit la main à Ruby.

— Bonjour, fit-il, enchanté.

— Où est l’accroc ? demanda Ruby.